The perfect storm » (la tempête parfaite). Voilà comment Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) a résumé l’année 2011 pour le secteur lors d’une conférence organisée jeudi. Il faut dire que la profession a dû essuyer quelques plâtres : la crise financière et économique, l’anxiété des épargnants, l’instabilité fiscale…

C’est l’assurance-vie qui a le plus pâti de la crise et des changements de comportement des épargnants. Elle a ainsi enregistré cinq mois consécutifs de décollecte, c’est-à-dire que les assurés ont davantage retiré d’argent qu’ils n’en ont versé sur leurs contrats. Du jamais vu ! Au final, la collecte nette (versements moins retraits) s’élève à 7,6 milliards d’euros en 2011, contre 51.1 milliards d’euros l’année précédente, soit une baisse de 85 %. Les prestations versées au titre de ces retraits s’élèvent à 116,4 milliards d’euros sur l’année, en hausse de 25 % par rapport à 2010. La FFSA précise que 74 % des rachats sont partiels, 26 % totaux. Et 48 % de ces retraits sont liés à un besoin de consommation : en effet, de nombreux épargnants ont ponctionné leurs contrats pour se désendetter ou éviter de souscrire un nouveau crédit. 22 % des assurés ont également puisé dans leur contrat pour investir dans l’immobilier et 13 % dans un autre placement financier. Par ailleurs, près de la moitié des retraits effectués sont inférieurs à 50.000 euros.

Cette situation est assez comparable à l’année 2008 : la collecte brute (versements seuls) a par exemple baissé de 14 % en 2011 contre 11 % en 2008. La Fédération remarque d’ailleurs une corrélation forte entre l’indice de confiance des ménages de l’Insee et la collecte. Ainsi, dans les périodes d’inquiétude, la collecte sur les contrats d’assurance vie régresse et les ménages lui préfèrent les produits d’épargne de court terme.

« Inflexion positive »

Selon la FFSA, les premières indications chiffrées sur le mois de janvier montrent une « inflexion positive » pour l’assurance-vie. Pour 2012, « cette activité sera dépendante de la conjoncture et des grandes décisions qui pourront être prises », a ajouté Bernard Spitz.

En assurance dommages, l’activité a enregistré son meilleur niveau de cotisation depuis 2004 à 48 milliards d’euros, en progression de 4 %. Une croissance liée notamment à l’augmentation de la population assurée et à la hausse des tarifs. « En 2011, la sinistralité a baissé, même si elle reste supérieure à 2008. L’année a notamment été plus favorable en termes d’événements climatiques. Les résultats techniques devraient être plus équilibrés », expliquait Stéphane Pénet, directeur des assurances dommages à la FFSA. Pour autant, les résultats techniques des assureurs dommages restent fragiles en raison des deux années précédentes, lourdes en sinistralité, que les politiques tarifaires pratiquées n’ont pas permis de compenser. Au final, pour Bernard Spitz, « l’essentiel a été préservé ».