Les épargnants doivent s’attendre à voir les rendements de leur assurance-vie fléchir fortement en 2014. Alors que les compagnies d’assurances réfléchissent actuellement au taux de revalorisation des fonds en euros (au titre de l’année qui vient de s’écouler), le gouverneur de la Banque de France leur a fait passer un message sans ambiguïté de modération. « Il est très important que les compagnies d’assurances soient capables de faire baisser leur taux de rémunération et j’attends cette année une baisse significative », a déclaré cette semaine Christian Noyer. Ce dernier redoute un scénario de forte variation des taux d’intérêt, qui pourrait mettre les compagnies en difficulté.

Or cette position est pleinement partagée par les assureurs. « Le gouverneur, qui est également président de l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), est dans son rôle, qui est un rôle de conseil, de référence mais aussi de régulateur, affirme aux « Echos » Bernard Spitz, le président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). Il est légitime qu’il rappelle que l’intérêt des assurés repose sur une logique de placement à long terme. Nous vivons une période prolongée de taux exceptionnellement bas. L’assurance-vie, dans ce contexte, assure des rendements de qualité qui en font le placement préféré des Français. Les épargnants peuvent être rassurés de savoir que les taux que continueront à leur proposer les assureurs sur le long terme allieront prudence et rentabilité. » 

La prudence commande en effet de baisser les taux de rémunération. La collecte étant très dynamique, les assureurs achètent actuellement massivement des obligations à des taux inférieurs à 2 %, qui dilueront les rendements futurs. Or, en cas de remontée rapide des taux, les épargnants seront tentés de sortir de ces fonds en euros, pour des produits bancaires plus attractifs. Et si la décollecte s’emballe, les assureurs devront vendre leurs obligations à perte pour faire face aux vagues de rachat.

« Nous connaissons aujourd’hui un contexte unique dans l’histoire de l’assurance-vie, compte tenu des taux très bas. Cela doit se gérer avec prudence. Il faut donc anticiper de possibles scénarios difficiles, qu’il s’agisse de taux durablement bas ou d’une remontée rapide des taux, souligne Fabrice Pesin, secrétaire général adjoint de l’ACPR. Nous faisons passer aux assureurs le message qu’il faut constituer des réserves pour gérer cet épisode de taux bas, ce qui implique de ne pas tout redistribuer aux assurés au titre de 2014. Une politique responsable de revalorisation doit se faire dans une optique de long terme. » Objectif, éviter le scénario noir de l’insolvabilité d’une compagnie. 

Véronique Chocron, Les Echos
Edouard Lederer, Les Echos