L’assurance-vie est de retour ! Le placement préféré des Français remporte de nouveau les suffrages. Après deux années de hauts et surtout de bas, les fonds qui y sont placés augmentent avec régularité depuis début 2014. Bref, le paquebot de l’épargne française, avec ses 1.400 milliards d’euros en soute, a retrouvé son régime de croisière.

Il faut dire qu’il semble de nouveau paré de toutes les qualités qui en ont fait le placement de bon père de famille par excellence. D’abord, il offre un couple rendement-risque imbattable dans le paysage financier actuel. Ses contrats les plus recherchés, les fameux fonds en euros, servent encore un rendement annuel de près de 3 %, quand son grand rival, le Livret A, proposera du 1 % à partir du 1er août. Un atout d’autant plus précieux que cette espérance de gain s’accompagne de nouveau d’une prise de risque limitée. Depuis la fin de la crise de la zone euro, la vie de ces contrats, dont la collecte est placée pour moitié au moins en obligations d’Etat, est redevenue un long fleuve tranquille. Si l’on ajoute à cela le fait que les craintes d’un durcissement de la fiscalité de l’assurance-vie se sont dissipées – au moins pour un temps -, on comprend mieux ce retour d’affection.

Mais les épargnants auraient tort de considérer comme une parenthèse les turbulences qu’ils viennent de traverser. Le monde a changé, ces dernières années, et l’assurance-vie avec lui. Le temps où l’on pouvait voir son épargne fructifier en dormant sur ses deux oreilles approche de sa fin. En clair, l’assurance-vie à la papa, c’est terminé ! Et cela pour au moins deux raisons. La première, c’est que les assureurs eux-mêmes y sont contraints par l’évolution des règles qui leur sont imposées. Celles-ci vont les obliger à opter pour des formules d’investissement dans lesquelles le risque de moins-value, même limité, sera de plus en plus transféré à l’épargnant. La seconde c’est que l’assurance-vie ne pourra pas éternellement offrir une rémunération élevée dans un univers où les taux d’intérêt et l’inflation sont durablement bas. A moins de s’orienter encore un peu plus vers des investissements plus rémunérateurs et moins sûrs.

Ce double mouvement est déjà engagé. Il aura à terme trois conséquences. Pour les Français, d’abord, qui vont devoir changer leurs habitudes, eux dont la stratégie de placement est guidée par l’obsession d’assurer la sécurité de leur épargne. Pour l’Etat, ensuite, qui y trouvera une incitation supplémentaire à réduire son train de vie. Car l’assurance-vie ne sera plus forcément là pour ramasser des obligations d’Etat, dont l’espérance de gain ne cesse de baisser. Pour notre économie, enfin. Puisque c’est la promesse que la manne de l’assurance-vie s’orientera davantage vers des placements plus productifs, comme les actions notamment. Et ça, c’est à coup sûr, une bonne nouvelle.