Près d’un mois après les inondations qui ont submergé le Centre et l’Ile-de-France, les assureurs commencent à percevoir plus précisément l’étendue des dommages. Ce jeudi, le réassureur public CCR (Caisse centrale de réassurance), a indiqué que le coût des dommages pour le secteur serait très certainement proche de 1,2 milliard d’euros, soit dans le haut de la fourchette envisagée initialement, entre 900 millions et 1,4 milliard d’euros. « Depuis le 5 juin, les assureurs ont reçu 150.000 dossiers de sinistres, ce qui nous permet d’avoir une vision plus précise des dégâts. Sur cette catastrophe nous avons par ailleurs une proportion plus élevée d’entreprises et de professionnels touchés que lors de catastrophes précédentes », détaille Bertrand Labilloy, directeur général de CCR. Le réassureur devra prendre en charge un peu plus de la moitié du montant des sinistres assurés du fait des contrats qui le lient à ses clients assureurs.

A en croire les prévisions de CCR, cette catastrophe n’est qu’un avant-goût par rapport à celles qui pourraient survenir d’ici à 2050. En se basant sur le scénario médian du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui prévoit une hausse de 20 cm du niveau de la mer à cet horizon, le réassureur envisage un doublement des sinistres assurés : « Ils pourraient atteindre 2 milliards d’euros en 2050, sous l’effet de l’inflation des biens assurés, de la concentration des habitants dans des zones à risques et de l’augmentation des catastrophes naturelles », précise Bertrand Labilloy. Dans le détail, les prévisions du réassureur laissent apparaître une hausse de 20 % des inondations, une stabilité des sécheresses et une hausse de plus de 60 % des submersions marines en 2050.

Pour prévenir ces risques, CCR met l’accent sur la prévention : elle incite les communes à préparer des plans de sauvegarde et des plans de prévention des risques. « Nos études montrent que les communes qui ont mis en place un plan de prévention des risques ont 40 % de sinistres en moins que les autres », indique CCR.

Si ses ressources se révélaient insuffisantes pour faire face aux catastrophes naturelles, CCR devrait jouer sur la cote part qui lui est versée par les assureurs. Il n’en est pas question aujourd’hui : « Notre solvabilité est robuste. Aujourd’hui nous sommes capables de couvrir 3 à 4 autres sinistres de la même ampleur que les inondations du mois dernier, sans faire appel à l’Etat », assure Bertrand Labilloy.

Sharon Wajsbrot, Les Echos

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