NINON RENAUD

LES FONDS DE CAPITAL-RISQUE OCCIDENTAUX CONCENTRENT DE PLUS EN PLUS LEURS INVESTISSEMENTS SUR LES ASSURTECH. LES COMPAGNIES D’ASSURANCES SONT PARTICULIÈREMENT ACTIVES.
Ebauchée l’an passé outre-Atlantique, la vague de l’assurtech devrait grossir en 2017, voire occuper le devant de la scène européenne des jeunes pousses innovantes de la finance. Certes, l’enveloppe globale mise à la disposition des start-up de la finance par les fonds de capital-risque dans le monde devrait se stabiliser autour de 20 milliards de dollars, la Chine et les Etats-Unis captant l’essentiel de cette somme, selon un rapport récent de Citi qui passe à la loupe les investissements des professionnels du capital-risque spécialisés dans le secteur financier. Mais, « si l’on exclut la région asiatique, l’assurtech est le phénomène du moment », confirment les auteurs de ce rapport.

Ils estiment ainsi qu’en excluant la région asiatique, où le marché de l’assurance est encore émergent, l’assurtech a capté 41 % des investissements réalisés au cours des neuf premiers mois de l’année 2016 par les fonds de capital-risque. A contrario, l’activité de crédit, qui a par ailleurs souffert des

déboires de Lending Club,
n’a représenté que 28 % des investissements, alors qu’elle en drainait 50 % en 2015. « Il y a tellement d’argent pour les innovations sur le marché de l’assurance que la valorisation des assurtech a beaucoup augmenté », regrette Jay Reinemann, associé du fonds Propel Venture, interrogé par Citi.
Optimiser
Ronit Ghose, responsable de l’équipe de recherche banques globales chez Citi, reconnaît que la flambée des prix sur ce segment pourrait calmer les ardeurs des investisseurs. Cela étant, le développement de l’assurtech en Europe sera moins soutenu par des fonds de capital-risque traditionnels que par les assureurs eux-mêmes. « Le marché du capital-risque européen est beaucoup plus petit qu’aux Etats-Unis. Il n’a représenté que 10 % des investissements du secteur dans la fintech en 2015 et 2016. L’Europe ne dispose pas de géants technologiques, comme aux Etats-Unis ou en Chine, et ses banques ont une gamme de services beaucoup plus larges », détaille le rapport de Citi. A l’instar des Espagnols Banco Santander ou de BBVA, très présents dans le financement de fintech, le français Axa affiche notamment ses ambitions dans le domaine de l’assurtech (voir ci-dessous).

Dans ces conditions, les acteurs traditionnels du secteur devraient se concentrer davantage sur l’optimisation des modes de distribution et de l’expérience client que sur des offres totalement en rupture avec leurs processus existants. En revanche, sur la partie produit, les nouvelles technologies, en particulier les objets connectés croisés avec l’exploitation des données, ouvrent un large champ de possibilités en matière de prévention et de segmentation des clients en fonction de leur profil de risque.« Tout le défi pour les grands assureurs sera de garder l’esprit start-up », souligne Ronit Ghose. Même s’ils créent pour ce faire des entités distinctes, comme des incubateurs ou des studios, « l’un des facteurs clefs de succès dépendra du soutien effectif des dirigeants et des conseils d’administration des compagnies d’assurances à ces structures. Les projets qui n’auront pas ce soutien échoueront », prévient-il.
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