ANAÏS MOUTOTCORRESPONDANTE À SAN FRANCISCO
LA RÉVOLUTION DES OBJETS CONNECTÉS LES OBLIGE À REPENSER LEUR MÉTIER AUTOUR DE LA PRÉVENTION.
La « learning expedition » dans la Silicon Valley est devenue un incontournable pour les grandes entreprises françaises. Mais il est rare que les sociétés concurrentes d’un même secteur fassent le voyage ensemble. C’est pourtant ce qu’a organisé la Fédération française de l’assurance, en rassemblant une quinzaine d’assureurs à San Francisco pour une visite de quelques jours. « Face aux nouvelles technologies, les assureurs ont longtemps eu une attitude un peu “perso”, mais ils ont désormais réalisé qu’il y avait beaucoup d’enjeux communs », estime Bernard Spitz, le président de la Fédération. Ce déplacement à San Francisco est l’occasion de mieux appréhender les différents thèmes sur lesquels travaille la commission numérique créée par la Fédération il y a deux ans. Parmi eux, l’intelligence artificielle, qui est appliquée au service client via des « bots » (robots conversationnels), à la détection de la fraude ou aux voitures connectées. Une rencontre a notamment été organisée avec XBrain, une start-up qui a mis au point un assistant vocal pour les véhicules afin de diminuer les risques d’accident.

Anticiper les risques
La révolution des objets connectés, qui entraîne une meilleure maîtrise des dangers, oblige les assureurs à repenser leurs métiers « autour de la prévention et de l’anticipation des risques », estime Virginie Fauvel, membre du comité exécutif d’Allianz France en charge des activités numériques.

Parmi les autres priorités, figurent la « blockchain » – un sujet sur lequel une expérimentation rassemblant dix assureurs a été lancée au niveau national – ou encore la cybersécurité. « Nous sommes à la fois des cibles potentielles et des solutions pour les entreprises qui sont soumises à ce risque », explique Bernard Spitz. Selon lui, l’Europe est en retard sur le sujet par rapport aux Etats-Unis. « La perception du cyberrisque en Europe est encore très faible et le droit bien moins unifié qu’aux Etats-Unis », poursuit-il.

Les participants ont également rencontré des représentants de Google et de Facebook, des géants de la data qui s’aventurent à tâtons dans le domaine de l’assurance, mais dont Bernard Spitz relativise la concurrence : « Ce n’est pas parce qu’ils sont capables de devenir assureurs que c’est pertinent économiquement pour eux », estime-t-il. Il ne craint pas trop non plus les multiples start-up qui se lancent actuellement sur le marché, de Lemonade à Metromile. « L’assurance est l’un des domaines les plus régulés qui existe. Donc l’idée qu’un type dans un garage va venir disrupter ça… je n’y crois pas trop », affirme-t-il. Virginie Fauvel se montre plus prudente : « Il faut regarder les nouveaux acteurs avec attention. J’ai toujours en tête l’exemple de Kodak, qui n’a rien vu venir… »
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