LAURENT THÉVENIN

TÉHÉRAN AURAIT EU DES DISCUSSIONS AVEC PLUS DE 140 COMPAGNIES D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE.
L’Iran figure aujourd’hui en bonne place sur la liste des pays dignes d’intérêt pour les assureurs. Ceux-ci regardent en tout cas de près ce marché depuis la levée, il y a un an, d’une grande partie des sanctions internationales contre Téhéran. Comme le rapportait jeudi sur son site Internet le quotidien économique iranien « Financial Tribune », le régulateur local du secteur, le Central Insurance of Iran (CII ou Bimeh Markazi), aurait déjà eu des discussions avec plus de 140 sociétés d’assurances et de réassurance étrangères. Parmi elles, des compagnies françaises, allemandes, britanniques, japonaises et suisses seraient parmi les plus intéressées pour entrer sur ce marché, selon ce journal, qui cite un rapport du CII publié cette semaine.

« Les assureurs japonais sont en train d’étudier les réglementations iraniennes, alors qu’ils envisagent d’établir des coentreprises ou d’acheter des participations dans des compagnies locales », détaille ce rapport, évoquant les noms de Tokio Marine, Sompo et Mitsui. De son côté, le CII était allé, en novembre dernier, rencontrer en Europe des dirigeants du réassureur allemand Munich Ré, de son concurrent français SCOR ainsi que du Lloyd’s de Londres.

80 millions d’habitants
Avec ses quelque 80 millions d’habitants, l’Iran présente des attraits évidents. Après des croissances supérieures à 23 % en 2013 et 2014, son marché de l’assurance était encore en forte hausse de 9,5 % en 2015, pour un volume total de primes de plus de 228.000 rials iraniens (7 milliards de dollars). Surtout, il offre des perspectives indéniables, puisque le taux de pénétration de l’assurance est très faible – à peine plus de 2 % du produit intérieur brut.

Reste que ce marché est d’un abord difficile. « Il y a une vraie complexité liée au circuit bancaire. Il faut trouver des banques capables d’effectuer des transactions depuis et vers l’Iran », pointe un bon connaisseur du pays. Autre difficulté pour les assureurs, toutes les sanctions américaines n’ayant pas été levées, il leur faut entrer dans un très grand niveau de détail dans leurs contrats. Enfin, le contexte géopolitique (la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, les élections présidentielles en Iran de mai prochain) vient rajouter un élément d’incertitude.

En attendant, les grands assureurs des armateurs, réunis dans l’International Group of P&I Clubs, s’apprêtent à couvrir de nouveau totalement les exportations de pétrole iranien, sans faire appel à des réassureurs domiciliés aux Etats-Unis, comme l’a indiqué mardi l’agence Reuters.
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