Laura Fort. Les assureurs français ne seront pas les premiers affectés par la dégradation de leur pays. Car la France, même dégradée, conserve un bon rating avec un AA+ (lire La Tribune du 17 janvier). Seule la Caisse centrale de réassurance (CCR), dont l’actionnariat est public, a été dégradée mais conserve la même note que la France, ce qui ne devrait pas avoir d’impact sur ses affaires.

Par contre, l’Italie et l’Espagne atteignent aujourd’hui un rating inconfortable, respectivement notées BBB+ et A. C’est pourquoi S&P a d’abord sévi sur les compagnies d’assurance présentes sur leur sol.

Mapfre, premier assureur espagnol se trouve dans une position délicate, avec un BBB+. Son activité de réassurance pourrait notamment s’en trouver impactée. Unipol, groupe d’assurance italien, est lui aussi en mauvaise posture. Outre une dégradation à BBB+, S&P conserve sa surveillance négative, considérant que la finalisation de l’opération sur Premafin (Unipol doit acquérir du 51.3 % de son capital) affaiblirait sa situation financière.

Fait plutôt rare, la note de Generali reste pour sa part supérieure à celle de son pays, « du fait de ses activités diversifiées dans des pays de la zone euro bénéficiant de notes élevées », justifie l’agence. L’assureur italien est néanmoins sur la sellette, S&P envisageant d’abaisser sa note d’un cran supplémentaire d’ici quatre semaines.

S&P n’a pas encore décidé du sort des groupes AllianzAxa, Aviva et CNP Assurances, mais elle annonce qu’elle pourrait abaisser leur note d’un cran. Allianz comme CNP ont une activité importante en Italie, notamment à travers d’accords de bancassurance, et sont donc très exposés à la dette italienne. Difficulté supplémentaire : l’assurance vie souffre encore plus dans la botte qu’en France, avec une collecte brute en baisse de 22 % en 2011. À fin septembre 2011, le chiffre d’affaires de CNP Unicredit Vita s’élevait ainsi à 1,39 milliard d’euros, en baisse de 36 %. Et l’exposition brute de CNP à la dette italienne se montait à près de 15 milliards d’euros fin juin. « Ils ont probablement des survaleurs dans leurs comptes, ce qui justifierait leur dégradation », affirme Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts&Figures.

L’agence de notation n’a pas fait mention de Groupama, pourtant toujours sous surveillance négative. S&P l’explique par le fait que l’assureur vert est surveillé sous l’angle de son profil financier plus que sous celui de la zone euro. « Pour les grands groupes d’assurance, leur faiblesse vient de leur exposition à la dette souveraine. Mais Groupama a tellement d’autres problèmes que cela n’est pour lui qu’un élément négatif en plus », estime un analyste.

Pour le business au quotidien avec les clients particuliers, ces dégradations n’auront que peu d’incidence, puisqu’ils ne s’attardent pas sur la notation de leur assureur avant de souscrire à une police. Mais pour les affaires avec les entreprises, un mauvais rating peut avoir des conséquences non négligeables, notamment dans le secteur des grands risques ou de programmes de retraite collective important. « Ces compagnies peuvent être moins bien évaluées dans les processus d’appels d’offre », précise Cyrille Chartier-Kastler. La dégradation des notes italiennes et espagnoles peut également poser problème si ces assureurs ont besoin d’émettre de la dette, ce qui pourrait leur coûter plus cher, d’autant plus si leurs cours de Bourse s’affaissent. Mercredi, CNP Assurances clôturait à -2.66 %, Generali à -1.89 %, Mapfre à -3.05 %, Allianz à +0.29 % et Axa à +1.06 %.